Une peau de pêche durant l’enfance, puis apparait un petit bouton à la surface de la peau du visage. Au début, adolescent, on y prête peu d’attention. Alors surgit un deuxième bouton, puis c’est une véritable invasion, même sur le corps. C’est l’acné qui s’installe progressivement. Elle représente souvent un véritable fléau.

L’acné, mais qu’est-ce que c’est ?

L’acné est une maladie inflammatoire chronique du follicule pilosébacé qui survient majoritairement à l’adolescence et fait intervenir trois acteurs dans son développement : le kératinocyte du follicule pilosébacé, la glande sébacée, et une bactérie anaérobie Cutibacterium acnes. La forme commune de l’acné est l’« acné juvénile polymorphe ». Les autres types d’acnés sont considérés comme des formes cliniques.

Quelle est son origine ?

Il y a environ 300 000 glandes sébacées régulièrement réparties sur le visage (environ 400/cm2), elles sont destinées à assurer, par leur sécrétion grasse (le sébum), un enduit protecteur de cette partie exposée du corps humain. 

Les premiers signes de la puberté apparaissent le plus souvent sur le visage, une peau qui devient grasse et se parsème ensuite de quelques « boutons » blancs, noirs ou rouges. 

La séborrhée est l’élément initiateur de l’acné. Elle se traduit par un aspect brillant, huileux de la peau, en particulier dans la zone médiofaciale. Elle s’associe fréquemment à une hyperséborrhée du cuir chevelu.

Le comédon ouvert (ou point noir) correspond à un bouchon de sébum et de kératine obstruant l’orifice infundibulaire. Son extrémité externe est colorée en raison de l’oxydation des graisses et des dépôts de mélanine.

Le comédon fermé ou microkyste traduit l’accumulation du sébum et de la kératine dans un infundibulum fermé. Il prend l’aspect d’une élevure blanchâtre de 0,1 à 3 mm de diamètre.

La papule est une lésion inflammatoire de diamètre inférieur à 5 mm pouvant apparaître de novo ou être la conséquence de l’inflammation d’une lésion rétentionnelle, en particulier après manipulation. Elle peut ensuite évoluer vers une pustule folliculaire.

Le nodule se manifeste par une tuméfaction inflammatoire, profonde, douloureuse à la palpation et fluctuante, dont le diamètre est supérieur à 5 mm.

Que s’est-il passé ?

Les glandes sébacées ont augmenté leur taille de parfois plus de 100% (la peau devient plus épaisse). Elles produisent donc un flux de graisse qui s’écoule vers la surface, parfois supérieur de 10 à 20 fois à celui de l’enfance (la peau devient plus grasse). 

Pourquoi les glandes sébacées pubertaires se sont-elles emballées ?

C’est à la puberté que les caractères sexuels (homme/femme) s’établissent, et ce sont des hormones (dites sexuelles) qui modèlent ces caractères (voix, poils, seins, organes génitaux). Dans le cas de l’acné, il s’agit de la glande sébacée qui est stimulée par des hormones mâles.

L’acné en quelques chiffres

L’acné se développe aux alentours de la puberté ; elle concerne 80 % de la population entre 12 et 20 ans. L’acné sévère concerne environ 15-20 % des cas. Par ailleurs, l’acné de l’adulte, et plus particulièrement de la femme, devient de plus en plus fréquente (environ 25 % des femmes).

Quels sont les facteurs aggravant de l’acné ?

Le rôle de l’alimentation

L’association de l’acné à la consommation de certains aliments est un sujet encore débattu.  Aujourd’hui, il existe une preuve faible de l’association entre la consommation significative de lait et la présence d’une acné chez l’adolescent, qui ne doit pas conduire à des régimes pauvres en lait. Cependant, il existe un lien probable entre acné et consommation accrue de sucres rapides. Enfin, l’aggravation éventuelle des lésions d’acné par la consommation de chocolat n’est pas prouvée.  

En conclusion, les patients acnéiques ne doivent pas suivre un régime alimentaire particulier, mais avoir une alimentation saine et équilibrée, limitée en glucides. 

Le rôle de l’exposition solaire

L’exposition au soleil joue un rôle dans le développement de l’acné. On constate que le soleil améliore les lésions d’acné, notamment du dos. Mais il induit aussi un épaississement de la couche cornée à l’origine d’un rebond sous la forme de lésions rétentionnelles à l’automne.

Les autres facteurs de risque

Pour ce qui est du tabac, des habitudes de toilette, du surpoids, et du syndrome des ovaires polykystiques, les études sont contradictoires. Néanmoins, il a été établi que le stress intervient via la sécrétion de neuromédiateur dans l’environnement de la glande sébacée. 

Les facteurs associés à la sévérité de l’acné

Le principal facteur associé à une acné sévère est la notion d’antécédent familial d’acné au premier degré, et particulièrement un antécédent chez la mère. Un antécédent familial est notamment associé avec un âge de début précoce, un début prépubertaire, une résistance ou une rechute après traitement par isotrétinoïne. 

Qu’est-ce que l’acné juvénile polymorphe ?

Il s’agit de la forme commune de l’acné. L’acné juvénile polymorphe est la forme la plus fréquente d’acné débutant en général vers l’âge de 12 à 13 ans chez la fille, un ou deux ans plus tard chez le garçon. Elle associe des lésions rétentionnelles et des lésions inflammatoires sur le visage. Les lésions d’acné peuvent s’étendre au cou et au tronc, notamment à la gouttière sternale, aux épaules, au dos

Comment traite-t-on l’acné ?

Il existe différentes approches thérapeutiques pour le traitement de l’acné. Celles-ci vont dépendre du type de lésions à traiter, du grade de l’acné. 

Traitements locaux

Le choix se fait en fonction du type prédominant de lésions acnéiques, et il est parfois intéressant d’associer ces divers traitements entre eux pour avoir une action synergique et limiter les effets secondaires. Les traitements locaux doivent être utilisés sur l’ensemble de la surface atteinte d’acné, sans frotter la peau, de préférence le soir.

Traitements oraux

Plusieurs traitements systémiques existent. Leur utilisation dépendra du grade de l’acné :Les antibiotiques sont utilisés sur des périodes de trois à quatre mois. Ils ont une activité anti-infectieuse et anti-inflammatoire dans l’acné.L’isotrétinoïne est le seul traitement dans l’acné pouvant induire une rémission prolongée voire une guérison ;tous les autres étant suspensifs.Le gluconate de zinc agit essentiellement sur les lésions inflammatoires superficielles de l’acné et à peu d’action sur les lésions rétentionnelles.L’hormonothérapie avec l’utilisation de certaines contraceptions orales chez la femme.

Traitements non médicamenteux

Les Cosmétiques

Le contrôle des soins cosmétiques standards est essentiel. Il convient d’utiliser un gel nettoyant avec possédant un pH voisin de celui de la peau. Les crèmes hydratantes doivent être non comédogènes et induire un minimum de risques d’allergies (parfum). Sachez que l’utilisation des masques, des gommages, des laits non rincés, de maquillage inadapté, notamment l’utilisation des poudres (privilégier un maquillage avec crème teintée) peuvent aggraver le développement de l’acné.

L’utilisation de peelings superficiels chimiques peuvent être une bonne indication au traitement de l’acné.   

Pour rappel, l’exposition solaire provoque un épaississement de l’épiderme qui aggrave l’acné.

Acné et psychologie

Prise en charge psychologique/retentissement de l’acnéL’acné peut avoir de graves répercussions sur la qualité de vie et ainsi avoir un retentissement sur le moral. A l’adolescence, le jeune crée son identité, il est donc fragile sur le plan psychologique, et les syndromes dépressifs sont loin d’être rares à cette période de la vie. Il est donc primordial d’en parler à votre médecin pour qu’une prise en charge adaptée, à la fois sur le plan dermatologique que psychologique, soit entreprise.

Sources : M. Le Moigne, M. Saint-Jean, B. Dreno. Acné. EMC – AKOS (Traité de Médecine) 2017;12(2):1-8 [Article 2-0650] ; J-H. Saurat. L’acné en 20 questions. European Journal of Dermatology. John Libbey Eurotext.

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